ITINERANCE
Pascal Amoyel
2003

Itinérance (2003), de Pascal Amoyel, semble renouer, comme le début de la Suite n°3 de Britten, avec ce surgissement d’un lointain immémoriel : « Prégnant. Du fond des âges », note le compositeur. Cette adjonction au répertoire du violoncelle seul est une retombée du spectacle théâtral “Block 15” par lequel les deux musiciens, se faisant aussi comédiens, traduisaient sur scène les souvenirs de la violoncelliste Anita Lasker-Wallfisch et du compositeur Simon Laks que leur participation aux orchestres du camp d’Auschwitz sauva de l’extermination. De cette expérience historico-théâtrale, Pascal Amoyel dégage ici la méditation ; il y entre par la nudité désarmée de la seule musique, d’abord sur quelques degrés obsédants, s’élargissant par la magie du traitement chromatique et des intervalles hébraïsants : la seconde augmentée, la quarte augmentée dont on ne saurait oublier qu’elle obséda tout autant Franz Liszt, et il serait bien étonnant que cette commune référence associant racines juives et nostalgies hongroises de Liszt soit fortuite de la part du compositeur-pianiste Pascal Amoyel, grand interprète lisztien devant l’Éternel ! L’Itinérance s’étourdit un moment dans une danse klezmer, mais c’est un mirage – celui du souvenir des temps heureux pour les prisonniers du camp – avant de retrouver les intervalles augmentés du chant incantatoire, et le demi-ton plaintif qui s’illumine quand la cantilène vocale se superpose à une basse raréfiée… car le compositeur demande à Emmanuelle Bertrand de prolonger l’expression de son archet en vocalisant quelques bribes comme saisies de son intimité. » Sylviane Falcinelli

Programme Musical

13 Itinérance: Lento. (Prégnant, du fond des âges)

Distinctions
Extraits de Presse

« Emmanuelle Bertrand interprète Itinérance, une composition brillante et émouvante écrite pour elle par Pascal Amoyel ». Resmusica